COVID-19 et son retentissement sur le cancer

Les effets de l’épidémie de Covid-19 sur la mortalité par cancer ont été présentés au Congrès virtuel de la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO).  Il s’agit d’un travail de modélisation engagé par le département de biostatistiques de l’Institut Gustave Roussy (IGR). Il fait apparaitre les contrecoups de l’épidémie sur la découverte du cancer chez les malades et les impacts sur la mortalité. Ces résultats déjà inquiétants ne préjugent pas de leur aggravation si une deuxième vague d’épidémie s’amplifiait.

RETARD AU DIAGNOSTIC DE CANCER

Une comparaison du flux des malades, venant consulter en 2020, par rapport à celui des années précédents, montrent un retard d’entrée des malades dans le processus de soins. Au cours du confinement, 146 patients ont consulté chaque mois à l’Institut du cancer, contre 545 en temps normal. Ce sont donc 200 malades qui auraient dû être vus en consultation, et qui ne sont pas venus. Ce retard peut affecter l’évolution et le  pronostic de la maladie.

AGGRAVATION DE LA MORTALITE

Pour l’Institut Gustave Roussy, les 86,6 % des patients qui seront traités en 2020 subiront des retards de prise en charge dans leur traitement. On sait déjà que 5,2 % des malades ont déjà un retard de mise en traitement de plus de 2 mois. Ce retard, qui peut entrainer une progression de la maladie, oblige à mettre en oeuvre un traitement plus lourd et fait risquer une diminution de chance de survie. Sur les 99 patients étudiés, les projections envisagent 49 décès, soit 2,25 % de décès supplémentaires en 5 ans. Ces décès surviennent chez des patients porteurs de sarcomes, de cancers du foie ou de cancers de la tête et du cou.

Si ces chiffres revus, étaient confirmés et consolidés, ils donneraient une idée de la situation nationale, mais qui sera vraisemblablement sous évaluée. La situation épidémique actuelle oblige les hôpitaux a redimensionné à nouveau l’accueil des malades en privilégiant les atteintes infectieuses par le Covid-19 au détriment des autres patients. Ceci doit conduire la population, mais aussi les élus,  à être plus conscients de l’importance des gestes barrières de protection. Ceux-ci sont certes nécessaires, pour protéger les gens âgés et fragiles, mais on constate aujourd’hui qu’ils bénéficieront également aux autres malades relevant de la cancérologie.

 

Source : Quotidien du médecin, 25/09/2020, N°9856

Dr Henri BASTIEN

Ancien Président du Comité de Côte d’Or de la Ligue contre le cancer

 

 

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