Dépistage organisé du cancer du col de l’utérus

La semaine européenne de prévention et de dépistage du cancer du col de l’utérus qui s’est déroulée du 22 au 28 janvier 2017, vient de se terminer sur le constat qu’il serait possible d’éviter les 3.000 nouveaux cas et les 1.100 décès annuels. L’Institut National du Cancer, le Ministère des Affaires sociales et de de la Santé ainsi que les caisses d’assurance maladie ont insisté sur l’importance d’un dépistage organisé et prévu sa généralisation en 2018.

On constate, en effet, que certaines populations se font moins dépister : femmes les plus agées après 60 ans, ou vivant dans une zone défavorisée, ou suivie pour une affection Longue Durée, ou bénéficiaires de la CMU, ou encore résidant dans une région à faible densité médicale. Il convient donc d’envisager des stratégies adaptées permettant d’atteindre ces femmes.

La France a de moins bons résultats que les pays développés, et sur les 17 millions de femmes agées de 25 à 65 ans, 40 % ne réalisent pas de frottis cervico-vaginal de dépistage (1) ou pas assez fréquemment. Ce cancer pourrait être évité dans 9 cas sur 10 par la pratique de ce frottis et par la vaccination des jeunes filles de 11 à 14 ans.

Une expérimentation menée dans 13 départements pilotes (2) durant 3 ans, de 2010 à 2012, concernant 2,4 millions de femmes, a permis d’augmenter significativement la participation au dépistage, avec des taux de 41,6 % en Martinique et 72,5 % en Alsace. Elle confirme que les jeunes femmes de moins de 35 ans, se font mieux dépister que celles de 60-65 ans. Elle révèle 2 % de frottis non satisfaisants, 2,3% d’anomalies cellulaires, mais surtout 1,5 à 2,8/1000 de lésions sévères fort suspectes nécessitant un contrôle colposcopique (observation au fort grossissement du col utérin).

On sait aujourd’hui que certains virus Human Papilloma Virus (HPV) de type 16 et 18 sont responsables de la contamination et de la modification des cellules du col utérin, devenant ainsi cancéreuses. Aussi, des tests HPV révélant ces virus seraient intégrés dans ce dépistage organisé. Ces tests ont une sensibilité plus performante (95%) que le frottis cervico-utérin (70-80%); ils permettraient donc d’espacer le dépistage de 3 à 5 ans. L’insuffisance du dépistage par le frottis est le plus souvent liée à des prélèvements de mauvaise qualité ou à des erreurs de lecture au microscope des lames cytologiques.  

La mise en oeuvre du dépistage généralisé permettrait ainsi de mettre en première intention le test HPV (3), révélant un facteur de risque d’infection virale. En cas de positivité, le frottis cervico-vaginal identifierait les lésions suspectes et s’accompagnerait d’un contrôle colposcopique du col utérin.

L’Institut National du Cancer vient d’actualiser les recommandations pour les conduites diagnostiques et les indications thérapeutiques.

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(1) Le frottis cervico-vaginal consiste à prélever, par grattage ou écouvillonage, des cellules sur le col utérin, de les étaler sur des lames de verre (lames cytologiques), de les colorer et de les étudier au microscope.

(2) Alsace (2 départements), Auvergne (4 départements), Cher, Indre-et-Loire, Isère, La Réunion, Maine-et-Loire, Martinique, Val-de-Marne

(3) Le test HPV consiste à gratter le col utérin pour en prélever des cellules et les mettre en suspension dans un liquide spécial. Le laboratoire recherchera la présence de virus dans ces cellules. Ce test peut être proposé en autoprélèvement vaginal, avec l’envoi d’un kit spécial, pour les femmes qui ne souhaitent pas se faire dépister par frottis vaginal.

( Source : Le Quotidien du Médecin, 16/01/2017, N°9550)

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