Dépister le cancer du sein après 74 ans ?

Le dépistage organisé du cancer du sein, préconisé entre 50 et 74 ans, s’arrête après l’âge de 74 ans. Cet arrêt est-il bien justifié ?

Le constat :

En France, parmi les 12 146 décès annuels (2018) par cancer du sein, 4 500 (37 %) surviennent chez des femmes de plus de 74 ans. Trop souvent à l’arrêt du dépistage organisé, nombre de femmes mais aussi de médecins, considèrent qu’il n’est plus nécessaire de poursuivre ce dépistage. Et pourtant on constate que le cancer du sein reste la première cause de mortalité jusqu’à 85 ans. Ce constat risque de prendre de l’ampleur en raison du vieillissement de la population.

Poursuivre le dépistage :

On estime que l’espérance de vie d’une femme à 74 ans est encore de 15 ans. Pour madame la professeure Carole Mathelin, gynécologue sénologue au CHRU de Strasbourg, « Le cancer du sein chez la femme de plus de 74 ans peut être grave car beaucoup de tumeurs sont découvertes au stade T2-T3, c’est-à-dire avec une taille de 2 à 5 cm. Ce sont des tumeurs à progression plus lente, de bas grade et hormono-dépendantes, mais qui, avec la baisse des défenses immunitaires à cet âge, font que ce cancer au début favorable, devient agressif ». Il faut préconiser un diagnostic précoce, car à cet âge, la tumeur est souvent découverte un stade tardif et les cancers in situ débutants sont deux fois moins fréquents que chez la femme jeune.

Afin d’éviter des chirurgies mutilantes, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, recommande un dépistage reposant sur l’association : examen clinique avec palpation des seins une fois par an par le médecin et mammographie tous les deux ans. L’examen radiologique est plus performant chez ces femmes âgées que chez les femmes plus jeunes, car la densité du sein diminue avec l’âge et la mammographie est donc plus facile à interpréter donc plus performante, avec peu de résultats faux positifs et découverte de lésions évidentes.

La chirurgie reste le traitement de choix avec radiothérapie, et si besoin l’association de traitements adjuvants (hormonothérapie mais aussi chimiothérapies et thérapies ciblées). Quant aux traitements agressifs, ils sont adaptés en fonction de l’âge physiologique de la patiente. Les nouvelles thérapies ciblées ne sont pas plus toxiques que chez les sujets jeunes et les chimiothérapies après 75 ans sont adaptées aux pathologies préexistantes.

Sources

Quotidien du médecin, N° 9739 du 8 avril 2019.

Conférence du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français du 29 mars 2019, Paris.

 

Docteur Henri Bastien

Ancien président du Comité de Côte-d’Or de la Ligue contre le cancer.

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