L’autophagie : Une recherche couronnée par le prix Nobel 2016. Son lien avec le cancer

Les travaux sur l’autophagie ont été couronnées ce lundi 3 octobre 2016 par l’attribution du seul prix Nobel de Médecine au Pr. Yoshinori Oshumi, 71 ans, professeur à l’université de Tokyo.

Ce système de dégradation cellulaire, étudié initialement en 1990 sur des levures, est une clé pour la compréhension de nombreuses pathologies. Il ouvre la voie à un vaste champ de recherche qui comporte à ce jour plus de 5.000 publications.

L’autophagie, ou digestion d’une cellule par elle-même, est un mécanisme cyto-protecteur pour la survie de la cellule. Le Pr. Oshumi l’a observé sur des levures mutées n’exprimant pas des enzymes de dégradation. Ces levures privées de nourriture, se dégradent et recyclent leurs propres composants cellulaires en les empaquetant dans des vacuoles, bien visibles en microscopie optique, au sein de la cellule. Ces vésicules sont ensuite acheminées et traitées au sein des lysozomes, petites usines à enzymes, qui vont digérer ces déchets. Le chercheur identifie 15 gènes ATG (ATG pour Autophagie) qui sont impliqués dans cette machinerie.

L’autophagie est un processus cellulaire qui contribue à la défense contre les infections et à la raréfaction nutritionnelle. Elle permet le recyclage des cellules et prolonge leur vie.

Intérêt en cancérologie : Les cellules cancéreuses se servent de l’autophagie pour se défendre du stress important que représente la chimiothérapie. Des chercheurs ont suggéré que l’inhibition de cette autophagie améliorerait l’action de la chimiothérapie.

C’est ainsi, qu’un antipaludéen (Hydroxychloroquine) connu pour inhiber l’autophagie, est associé à des médicaments anticancéreux pour traiter des cancers solides ou des cancers du sang.

De même, des médicaments anti-rejets comme le sirolimus, inhibent un gène mTOR qui est impliqué dans le mécanisme d’autophagie et dans la prolifération des cellules cancéreuses.

Mais les travaux de recherche se poursuivent, car si on pense que l’autophagie aurait un effet suppresseur sur la tumeur dans le début de la maladie, l’effet serait inverse lorsque le cancer devient métastatique, car les cellules se multipliant utiliseraient alors l’autophagie pour acquérir un besoin plus important d’énergie, fournie par la dégradation de leurs composants.

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