Le resvératrol, l’EGCG et le curcuma : des polyphénols alimentaires protecteurs contre le cancer

Les recommandations gouvernementales du PNNS (Programme National Nutrition et Santé) indiquent qu’une consommation régulière de légumes verts, de fruits, de fibres et de poisson, accompagnée d’un exercice physique quotidien, a un effet protecteur contre l’apparition de pathologies, et par voie de conséquence est un facteur de longévité.

Les aliments d’origine végétale contiennent des microconstituants, principalement des polyphénols, présents dans la plupart des fruits et des légumes (voir tableau 1). C’est le cas du resvératrol du raisin, de l’épigallocatéchine gallate (EGCG) du thé, et du curcuma, une épice extraite du tubercule du safran des Indes. D’autres composés intéressants du point de vue nutritionnel sont présents dans le café, le cacao, la pomme, les oignons, le chou, le chou brocoli, la tomate, les amandes, l’huile d’olive, la grenade, les baies rouges (myrtilles, cassis, framboises), etc, qui sont riches en polyphénols (colorés ou non) et en vitamines. Tous ces polyphénols possèdent des propriétés anti-oxydantes.


Tableau 1. Principaux microconstituants des aliments d’origine végétale

Le resvératrol est la principale molécule de défense de la vigne en raison de sa production massive en réponse à une agression fongique. Si d’autres plantes synthétisent aussi le resvératrol, peu sont comestibles, à l’exception de l’arachide où le resvératrol est retrouvé dans les graines, ou les myrtilles. Déjà dans un passé lointain la pharmacopée de la civilisation chinoise recourait à des extraits de racines de Polygonum cuspidatum (la renouée du Japon) comme vasorelaxant ou à des préparations à base de Yucca schidigera pour leurs propriétés antimutagènes. Ces deux plantes médicinales ont été identifiées près de 2 millénaires plus tard comme riches en resvératrol ! En 1976, Langcake et Pryce détectent cette nouvelle molécule dans le raisin et le vin après infection de la vigne par le champignon microscopique Botrytis cinerea. Le resvératrol est maintenant bien connu en tant qu’anti-oxydant (figure 1).

Figure 1. Mécanisme d’action d’un anti-oxydant

Concernant les effets anticancéreux du resvératrol, un papier princept dans la revue « Science » a montré que cette molécule était capable de prévenir l’apparition de cancers chimiquement induits chez la souris comme les tumeurs mammaires ou le cancer de la peau (Jang et coll., 1997). Ce fut alors le début  d’une longue saga qui, à ce jour, n’a pas faibli. Au niveau des cellules cancéreuses en culture, le resvératrol bloque le cycle de division cellulaire et induit la mort des cellules. Le curcuma, épice accompagnant les plats indiens ; le EGCG du thé (surtout le thé vert) des Asiatiques et le resvératrol issu du raisin et de produits du raisin, où d’autres plantes consommées en occident, ont des modes d’action similaires. Et donc chaque grande région du monde possède un ingrédient anticancéreux dans son alimentation traditionnelle.

Références

– Langcake et Pryce. The production of resveratrol by Vitis vinifera and other members of the vitaceae as a response to infection or injury. Physiol Plant Pathol, 9: 77-86, 1976.

– Jang, M., Cai, L., Udeani, G. O., Slowing, K. V., Thomas, C. F., Beecher, C. W. W., Fong, H. H. S., Farnsworth, N. R., Kinghorn, A. D., Mehta, R. G., Moon, R. C. and Pezzuto, J. M. Cancer chemopreventive activity of resveratrol, a natural product derived from grape. Science, 275: 218-20, 1997.

 

par Norbert Latruffe
Professeur Émérite à l’Université de Bourgogne, Dijon
Chercheur bénévole au laboratoire de Biochimie

 

 

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