Quelles questions se posent les femmes qui participent au dépistage des cancers féminins ?

À l’occasion de l’Assemblée générale ordinaire du Comité de Côte-d’Or de la Ligue contre le cancer, qui s’est déroulée le 14 avril 2022, le Dr Salès-Wuillemin a tenu une conférence sur la thématique :

Quelles questions se posent les femmes qui participent au dépistage des cancers féminins (sein, col et colon) ?

E. Salès-Wuillemin1, A. Bertaut2, A. Génion1, B. Lignier1
(1) Université de Bourgogne, Laboratoire Psy-DREPI (UR-7458)
(2) Centre Georges François Leclerc (CGFL)

Cette conférence s’est portée sur l’étude Quali-Profil et plus spécifiquement sur les déterminants psychosociologiques de la participation aux dépistages des cancers du col de l’utérus et colorectal chez les femmes participant au dépistage organisé du cancer du sein.

Recherche financée par le Pôle Santé Publique Bourgogne-Franche-Comté et par le Comité de Côte-d’Or de la Ligue contre le cancer. Remerciements : Léa Jeannin, Amandine Plamont Claire Sentendreu (Master de psychologie, Université de Bourgogne) et Vincent Dancourt (Médecin Coordonataeur du Centre Régional de Coordination du Dépistage des Cancers, BFC).

Les cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus sont à l’origine de plus de 30% des décès par cancer en France chez les femmes de 50-65 ans, alors que des outils de dépistage existent. Le dépistage du cancer du sein est organisé depuis 2004. En 2020, le taux de participation était de 42,8% et est en baisse régulière (52% en 2014). En 2019, pour le colorectal, ce taux était de 31,5% et pour le col de 58,7%. Il chute à 44,2% chez les 60-65 ans. Au-delà du relevé des taux de participation, il semble pertinent d’étudier les représentations sociales liées au dépistage et les ressorts psychologiques (freins et leviers) liés à la participation.

  • L’étude qualitative PRESID (Prieto, Salès-Wuillemin et al. 2012) réalisée sur 54 participants (27 compliants et 27 non compliants) montre que ceux qui participent considèrent que le test est utile, gratuit, non douloureux et facile à réaliser. Pour ceux qui n’y participent pas, il est perçu comme inutile, sale et trop long à réaliser.
  • L’étude PROFIL (Bertaut et al. 2018) menée sur 1856 femmes à jour de leur suivi mammographique, montre que les taux de participation aux deux autres dépistages sont plus élevés que la moyenne nationale, il sont de 78% pour le cancer cervical et de 56% pour le colorectal.
    À été ciblée cette population de femmes participant au dépistage du cancer du sein afin de repérer les représentations sociales du dépistage et les ressorts psychologiques liés à la participation ou à la non-participation aux deux autres dépistages. Une étude qualitative par entretiens a été réalisée. Un échantillon de 80 femmes, réparties en 3 groupes cibles (1 dépistage, 2 dépistages, 3 dépistages) et 1 groupe de comparaison (aucun dépistage) était visé.
    À ce jour, 54 entretiens ont été réalisés et 12 ont été transcrits. Les premiers résultats montrent que les femmes qui ont réalisé 3 dépistages évoquent 4 cognitions centrales toutes positives, dans la représentation sociale du dépistage : « prévenir » « anticiper » « être pris en charge rapidement » « éviter les traitements lourds ». Alors que celles qui ont réalisé 2 dépistages évoquent 4 cognitions positives et 4 négatives et celles qui n’ont réalisé qu’un seul dépistage évoquent une seule cognition positive et 6 négatives. Au-delà l’analyse des leviers montre l’importance de la gratuité et de la lettre de rappel par exemple, et pour les freins le temps d’attente pour un rendez-vous ou les déserts médicaux.
    Ces résultats sont à compléter mais ils sont déjà prometteurs pour l’accompagnement des manipulateurs radio au moment de la réalisation de la mammographie et des médecins généralistes dans leurs conseils aux patientes. Ils peuvent également aider à améliorer la rédaction de la lettre incitative.

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