Portables et tumeurs cérébrales : quels risques pour les jeunes ?

La composante française de l’étude épidémiologique internationale mobi-kids a été financée par la Ligue dans le cadre de son soutien à la recherche sur les cancers pédiatriques et adolescents. L’objectif de cette étude était d’analyser les liens potentiels entre le risque de tumeurs cérébrales chez les jeunes de 10 à 24 ans et l’exposition aux champs électromagnétiques générés par les téléphones mobiles et autres appareils sources. Ses résultats publiés dans la revue Environment International ne mettent pas en évidence de surrisque de tumeurs cérébrales associé à l’utilisation du téléphone mobile (1).

Les effets potentiels de l’exposition aux radiofréquences associées aux téléphones mobiles ont déjà fait l’objet d’un nombre important d’études épidémiologiques et de recherches sur différents modèles. Les résultats de ces travaux laissent toutefois ouvertes un certain nombre de questions (voir encadré). Des interrogations concernent plus particulièrement la population des jeunes car leur usage de la téléphonie mobile est de plus en plus précoce et intensive alors que leur système nerveux en développement pourrait être plus sensible.

Jusqu’à mobi-kids, seule l’étude CEFALO publiée en 2011 avait étudié le risque de tumeurs cérébrales en lien avec l’usage du téléphone portable chez des jeunes de 7 à 19 ans. Ses résultats n’avaient pas mis en évidence d’augmentation du risque. Toutefois, le faible nombre de sujets étudiés et le nombre restreint d’utilisateurs intensifs représentés constituaient une limite.

Des sources possibles de biais résiduels ne permettent pas d’exclure totalement un léger risque

Mobi-kids est une étude cas-témoins* de plus grande ampleur ayant impliqué 15 pays sur 4 continents. Près de 900 jeunes de 10 à 24 ans sont affectés de tumeurs cérébrales, principalement des gliomes. 1 910 témoins ont été recrutés (dont 102 cas et 186 témoins en France) entre 2010 et 2015. La majorité des participants étaient des utilisateurs de téléphones portables. L’étude a inclus un nombre important d’utilisateurs avec plus de 10 ans d’usage : 22 % sur l’ensemble de l’effectif, 51 % sur les 20-24 ans. L’estimation de l’exposition a été réalisée par une double approche : un questionnaire sur l’historique de l’usage administré par un enquêteur et une estimation de l’exposition selon des algorithmes intégrant la localisation précise de la tumeur et des facteurs techniques liés aux appareils utilisés.

Les résultats obtenus ne permettent pas d’établir une augmentation du risque de tumeurs du cerveau en lien avec l’utilisation du téléphone portable ou les doses de radiofréquences reçues. Les auteurs notent toutefois que malgré l’effort très important de validation des données, des sources possibles de biais résiduels ne permettent pas d’exclure totalement un léger risque.

*Une étude cas-témoins compare la fréquence d’une exposition passée, ici l’exposition aux radiofréquences, entre un groupe de « cas », ici les jeunes porteurs d’une tumeur du cerveau et un groupe de « témoins », non affectés par la maladie.

(1) G. Castano-Vinyals, S. Sadetzki, R. Vermeulen et al., Environment International, 160, 2022, doi : 10.1016/j.envint.2021.107069

Questions complexes… solution simple ?

L’effet potentiel sur la santé des téléphones mobiles et plus globalement de tous les appareils émetteurs 
de radiofréquences est source d’inquiétudes. En 2015 un sondage du Credoc, révélait que seul 25 % de la 
population estimait les téléphones mobiles « sûrs » pour la santé humaine. Si le doute est légitime,
force est de constater qu’il n’enraye en rien le développement des usages qui se font toujours plus
nombreux notamment dans les classes d’âges les plus jeunes. 

Concernant les cancers, les inquiétudes portent sur le surrisque de tumeurs cérébrales que l’usage des
téléphones mobiles, généralement utilisés en contact étroit avec la tête, pourrait entrainer. Prises
dans leur ensemble, les grandes études épidémiologiques menées sur le sujet ainsi que les recherches
conduites sur des lignées de cellules ou des animaux n’ont pas établi de lien entre l’usage du
téléphone portable et un surrisque de cancer pour les tissus les plus exposés aux radiofréquences.
Quoi qu’il en soit, des résultats discordants et des incertitudes vis-à-vis des très longues périodes
d’usages, les risques de quelques rares sous-types tumoraux ou encore le cas particulier des enfants
et adolescents entretiennent le doute. Ainsi, le Centre International de Recherche sur le Cancer
(CIRC) a classé en 2011, l’utilisation des téléphones mobiles comme « peut-être cancérogène pour
l’homme ». Le « peut-être »rend ici compte du fait que peu d’éléments scientifiques étayent le lien
entre usage et surrisque, ce point est clairement exprimé dans l’avis rendu par les experts ayant
débattu de la question. Il n’est donc pas possible d’exclure un risque mais, à l’aune des données
disponibles, ce risque est aujourd’hui à considérer comme potentiellement faible à l’échelle
individuelle et extrêmement difficile à mettre en évidence.

Dans ce contexte, les « simples » recommandations de précaution émises par l’Anses vis-à-vis de l’usage
des téléphones portables, notamment celles conseillant un usage modéré chez les plus jeunes, paraissent
déjà pouvoir protéger de tous les risques associés à ces appareils qu’ils soient très concrets ou encore
sujets à recherche.
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