Rôle des micro-constituants alimentaires anti-oxydants dans la prévention des cancers des voies aérodigestives

On ne connaît pas d’aliment qui soit « bon » dans un cas et « mauvais » dans un autre. Plus exactement, il n’y a pas de preuve qu’un aliment puisse diminuer le risque de certains cancers tout en augmentant le risque d’autres cancers. Les recommandations alimentaires sont donc formulées pour ce qui est de leur impact probable sur le cancer en général.

 

Rappel sur les constituants alimentaires

Les plantes comestibles, comme d’ailleurs les autres végétaux, fabriquent des substances nutritives (grâce à la photosynthèse) qu’elles utilisent à des fins énergétique ou de croissance. De plus, pour s’adapter, ou se défendre face à leur environnement, souvent défavorable, les végétaux produisent de nombreux composés non énergétiques dont le nombre est compris entre 5 000 et 8 000. On distingue :

– Les macroconstituants alimentaires que sont les glucides (sucre, amidon…), les lipides (graisses, huiles…) et les protéines (viandes, protéines végétales…) fournissent les calories qui participent à l’équilibre énergétique.


– Les microconstituants anti-oxydants(*). On peut citer les vitamines, par exemple, la vitamine C, hydrosoluble, et la vitamine E, liposoluble, sont liées dans leur action anti-oxydante, et les minéraux, par exemple le sélénium est impliqué dans la protection anti-oxydante (à l’inverse, un excès de fer et de cuivre, sous forme libre, pourrait au contraire participer à un stress oxydant). Mais surtout les microconstituants des végétaux sont des molécules non nutritionnelles (métabolites secondaires) synthétisés par les plantes en réponse aux agressions. Parmi eux, les plus connus sont les polyphénols, les caroténoïdes et les molécules soufrées. Ce ne sont pas des nutriments énergétiques, mais ils présentent de nombreux effets biologiques intéressants.

Ces polyphénols peuvent protéger la plante contre le rayonnement, contre les infections microbiennes, contre le stress oxydant, contre les stress hydrique ou chimique (pesticides), ou encore, grâce aux pigments et aux molécules odorantes, favoriser la pollinisation ou au contraire se protéger contre les prédateurs.

Parallèle intéressant, chez l’homme ou l’animal ces microconstituants montrent bien souvent des propriétés bioactives similaires intéressantes vis-à-vis de fonctions cellulaires ou physiologiques essentielles et dans la prévention de pathologies acquises comme le cancer ou infectieuses, …

Par exemple, raisin (et boissons dérivées), thé/café, soja, arachide, cacao, pomme (et jus), oignon, choux, choux brocoli, tomate, amande, huile d’olive, grenade, baies rouges (myrtilles, cassis, framboises) etc, sont riches en polyphénols (colorés ou non) et en vitamines possédant de puissantes propriétés anti-oxydantes (figure 1). Les anti-oxydants sont extrêmement importants dans les processus vitaux puisque le vieillissement cellulaire est directement lié à la présence de radicaux libres, oxygénés ou autres, présentant un électron isolé chimiquement très réactif capable d’induire des mutations dans l’ADN. L’autre mécanisme  d’un anti-oxydant est de stimuler les défenses anti-oxydantes de la cellule. On estime à environ 1,2 g la consommation journalière de polyphénols pour maintenir son potentiel anti-oxydant, soit manger 5 fruits-5 légumes par jour au choix sous leurs différentes formes (crus, cuits, en boisson, etc).

 

(*) Anti-oxydant : molécule capable de neutraliser des radicaux libres oxygénés toxiques, et donc de protéger la cellule des lésions induites par ces radicaux libres.

 

Référence :

– Pierre-Henri Duée,  Mariette Gerber, Paule Latino-Martel, Norbert Latruffe, Nathalie Pecollo. Nutrition et cancer. Rapport d’expertise collective,  ANSES, mai 2011

 

par Norbert Latruffe
Professeur Émérite à l’Université de Bourgogne, Dijon
Chercheur bénévole au laboratoire de Biochimie

 

Articles recommandés

Copy link
Powered by Social Snap